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Brûle ce que tu as adoré. Adore ce que tu as brûlé.

Brûle ce que tu as adoré. Adore ce que tu as brûlé. A moins que ce ne soit l'inverse ? C'est le commentaire qu'inspirent les dernières déclarations du futur député Bruno Julliard... Le président de l'UNEF vient en effet de se déclarer très satisfait de sa rencontre avec le Ministre de l'Enseignement supérieur. Il estime avoir obtenu "des engagements" contre les volets les plus "néfastes" de la loi sur l'autonomie des universités. Je me réjouis sans doute à l'idée de ce que ces propos vont permettre de participer à la fin des blocages. Pour autant, cet homme est désarçonnant à force de voltes-faces.  On me pardonnera donc le billet qui suit - ma cote sur E Bay va diminuer - , écrit dans un bref moment de lucidité d'énervement .

M. Julliard est rassuré de savoir, lit-on, « que la dépense de l'Etat par étudiant serait portée à 10.500 euros contre 7.000 actuellement par an ».  L'engagement peut difficilement être critiqué. Cela dit, en dehors du fait que la promesse n’a pas de terme, je serai surpris – mais il faudrait faire le calcul et savoir de quoi l'on parle – qu’il y ait là autre chose que la promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, qui a d’autant moins été remise en cause depuis qu’il s’agit ... d’une promesse de campagne, à horizon quinquennal, qui plus est.

M. Bruno Julliard est également transporté par l’idée suivant laquelle le cadrage national des diplômes resterait en vigueur, "avec l'objectif qu'un diplôme validé n'importe où sur le territoire sera valable dans toutes les universités". Bigre ! S’il n’y a là qu’un objectif, c’est que les diplômes validés pour l’instant ne sont pas valables dans toutes les universités françaises ! J’ai à ce moment une pensée pour mes étudiants, qui pensaient peut-être un jour s’inscrire dans une grande parisienne en croyant que leur Master en valait bien un autre...

Mais n’ironisons pas, et poursuivons ! Qu’a obtenu encore M. Julliard contre les dispositions "les plus néfastes" de la loi ? Il a obtenu... que l’une de ses dispositions soit maintenue : « Valérie Pécresse a également rappelé que la loi ne permettait pas l'augmentation des frais d'inscription et que cette disposition "sera maintenue", selon Bruno Julliard ». Que les cheminots n'aient pas l'idée saugrenue de faire la leçon à l’UNEF: nous avons là affaire à d'habiles manoeuvriers, à de subtiles négociateurs, qui obtiennent à force de ruses et de lutte contre l’oppresseur, le maintien des dispositions de la loi qu’ils récusent…

Continuons la lecture du communiqué de presse : « la ministre a également confirmé qu'il n'y aurait pas de possibilité de sélection à l'entrée des universités, se déclarant "favorable" à la diffusion d'un texte réglementaire en ce sens ». Voilà qui est bel et bon:  au point d'ailleurs que l’UNEF l’avait déjà obtenu lors du vote de la loi, et que M. Julliard s'en était déjà félicité.

Quelques avancées, tout de même: un engagement pluriannuel est consenti « pour la réussite en licence », qui « devrait être mis en place à partir du 1er janvier 2008, tandis que la situation des étudiants boursiers sera également améliorée pour 100.000 d'entre eux, les moins favorisés ». Dont acte. Attendons sa mise en oeuvre.

Le bilan de ces négociations selon M. Julliard : « Nous considérons que ces annonces apportent des garanties nouvelles qui représentent des garde-fous par rapport aux inquiétudes exprimées, même si des problèmes importants restent à traiter, comme la précarisation des personnels, sur laquelle nous n'avons pas eu de réponse", a déclaré le président de l'UNEF a l'issue de 45 minutes d'entretien avec la ministre. L’UNEF considère ainsi « qu’il s'agit aujourd'hui d'avancées réelles et concrètes ». Bref, tout a changé, mais rien – ou presque – n’a changé ; nous sommes rassurés mais nous restons inquiets. Il y a du Villon dans ce Julliard, qui meurt de soif près de la fontaine...Je dois l'admettre, la subtilité de tout cela m'échappe, sans doute. Nous verrons si les étudiants l’ont saisie. A moins que le revirement de M. Julliard s’explique par des raisons que la raison universitaire ignore ?

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